par Jean François Richard | 22, Avr 2019 | Enseignement méditation, Non classé
Je vais vous parler d’un enseignement méditation donné par Swami Prajnanpad, maître hindou d’Arnaud Desjardins. Ce dernier fut bien connu dans les années 60 pour avoir réalisé les premiers reportages télévisés sur les Grands maîtres de sagesse de l’Inde, sur les Soufis en Afghanistan, sur les premiers maîtres au Tibet et le Zen au Japon.
L’enseignement méditation de Swamiji disait « un sans second ». Ne créez pas de second.
C’est vrai que d’un premier abord cet enseignement paraît un peu obscur. Pourtant il est en fait assez simple.
Il y a la réalité, c’est à dire les choses telles qu’elles sont. Et il y a l’interprétation subjective mentale, une fausse réalité surimposée sur la réalité factuelle.
Dans un de ses livres, Arnaud explique cela avec un exemple concret. Je vais le résumer : monsieur Durant est invité à un repas ou sera également présent le frère de son directeur. Il espère ainsi profiter de ce temps pour pouvoir échanger avec le frère du directeur. Son boulot terminé, il se dépêche de rentrer à la maison pour pouvoir se préparer pour cette importante soirée. Et bien sûr, premier inconvénient, le bus a du retard. Et là, dans l’esprit de monsieur Durand, le bus ne devrait pas avoir de retard. En un instant, il a ajouté au réel son interprétation mentale. Déjà en retard, il arrive devant l’ascenseur de son immeuble, et appuie sur le bouton. Dans son esprit, l‘ascenseur doit déjà être là. Non seulement il n’est pas là mais en plus il ne marche pas. Il monte par l’escalier, arrive essoufflé au quatrième étage. Dès qu’il ouvre la porte, sa femme lui dit : « Ton fils n’est pas en forme, prend sa température »
De nouveau dans l’esprit de monsieur Durant, une pensée s’élève: « Non. Mon fils ne doit pas avoir de la fièvre ! Ce n’est pas possible. Maintenant s’il a de la fièvre, je vais rater le rendez-vous etc. etc.»
Cet exemple très intéressant nous montre que nous créons sans cesse une réalité autre que les faits. Une réalité mentale qui nous conviendrait mieux. Et pourtant c’est l’écart entre ces deux réalités qui va créer de l’émotion et de la souffrance.
En fait, même si la réalité est parfois douloureuse, elle n’est jamais souffrante si nous l’acceptons. C’est le refus du réel qui créé la souffrance.
Revenons à notre expérience maintenant en enseignement méditation : quelle est la réalité là maintenant assis en méditation?
D’habitude je n’ai pas mal et là j’ai mal. Réalité indéniable.
Le mental : « Non je ne devrais pas avoir mal. »
Assis en méditation, plein de pensées m’envahissent et me rendent agité, et non ! Je devrais être calme. Ainsi de suite.
La vigilance, c’est revenir à l’instant et à ce qui est, ne pas créer une fausse réalité en refusant ce qui est .
« A chaque seconde suffit son oui. » dit Arnaud Desjardins.
A chaque seconde, je dis oui à ce qui est.
Si je dis non, je rentre en conflit avec le réel.
Cela peut paraître un peu simpliste. Pourtant cet enseignement est très profond car il nous explique que nous projetons sans cesse sur le monde, notre monde.
Nous pouvons clairement le voir chaque fois que nous refusons quelque chose qui surgit dans la méditation. Si nous sommes capables de dire oui dans l’instant, oui à tout ce qui apparaît, nous allons pouvoir nous détendre de plus en plus profondément et nous relâcher totalement.
Je le répète. C’est uniquement si l’on ne refuse plus rien, si l’on ne fait plus de déni sur la réalité, que nous allons pouvoir réaliser la paix du cœur.
Cela veut dire trouver la force de se voir dans notre vérité à chaque instant même si notre vérité ne nous plaît pas, même si notre vérité ne correspond pas à ce que nous souhaitons.
Par exemple, je suis assis en méditation et une partie de moi dit : « Mais qu’est-ce que je fais là, j’en ai ras-le-bol, j’ai envie de partir, j’ai envie d’aller boire un café. »
Alors, oui c’est vrai, c’est ce qu’il y a en moi maintenant. Je ne cherche pas être celui qui est totalement content d’être en méditation. Non, je suis celui qui est assis sans le vouloir totalement.
Cela ne veut pas dire que l’acceptation, c’est la résignation.
J’accepte les choses telles qu’elles sont tout en étant libre d’accomplir une action sur la base de l’adaptation à la réalité.
Qu’est-ce que je peux faire pour agir, pour améliorer la situation ? Mais à partir du réel, sans rajouter une interprétation mentale qui bien souvent prend le pouvoir sur moi, me paralyse au niveau de l’action, me secoue émotionnellement et me freine.
Agir à partir du réel de chaque instant.
Ces textes sont issus des quelques minutes de paroles improvisées à partir ou non de textes issus des sagesses anciennes, de textes scientifiques etc.. durant la méditation silencieuse .
par Jean François Richard | 22, Avr 2019 | Enseignement méditation, Non classé
Pourquoi est-il important de s’appuyer sur des traditions en méditation pour progresser dans une discipline ?
Tout simplement car une tradition, ce sont des hommes et des femmes qui ont pratiqué, expérimenté, tiré des enseignements. Ils nous ont transmis cela pour nous éviter de répéter les mêmes erreurs. La tradition en méditation nous permet de nous appuyer sur des personnes ayant pratiqué dans un certain cadre. Et si nous suivons les mêmes pratiques, nous avons donc des panneaux indicateurs validés.
Cette pratique méditative silencieuse a traversé plusieurs pays, puisqu’elle est né en Inde avec le Bouddha, elle a ensuite émigré en Chine, au Japon et aujourd’hui elle est présente en Europe, en Amérique, Amérique du sud…
A chaque fois cette méditation s’est adaptée aux cultures. C’est intéressant, pour nous occidentaux, de pouvoir écouter l’adaptation contemporaine et occidentale à travers les enseignants d’aujourd’hui.
L’essence de cette pratique est, comme le disent les bouddhistes : l’éveil ou la libération. On pourrait le dire différemment pour que ce soit plus abordable : c’est la désidentification progressive à tout ce à quoi nous sommes identifiés. Ceci pour découvrir, retrouver notre nature essentielle, une nature libre des conditionnements extérieurs et intérieurs.
Chaque tradition en méditation a utilisé une méthode pour plonger en soi-même et progressivement apprendre à se désidentifier.
Les hindous ont ce qu’on nomme les koshas c’est à dire les revêtements du Soi.
Ces enseignements nous disent : « Vous n’êtes pas le premier koshas qui est le corps donc ne vous identifiez pas à ce corps ». Ensuite, ils continuent « vous n’êtes pas le kosha de l’énergie vital ». Vous n’êtes pas non plus le kosha mental c’est à dire vos pensées et vos émotions. Vous n’êtes pas non plus le kosha de l’intelligence objective, ni celui de la béatitude. Vous êtes au-delà de tout cela. Tous ces corps existent mais ne vous identifiez pas à eux.
Alors la question fondamentale est : qui sommes nous si nous ne sommes pas cela ?
Chaque tradition en méditation a nommé cette nature essentielle : les hindous l’appellent l’atman, les bouddhistes le non-né, les chrétiens la vie éternelle.
Ainsi pour nous qui débutons dans la pratique, c’est essentiel de commencer par étudier le premier kosha, à savoir notre corps physique.
Suis-je ce corps physique ?
Suis-je la conscience qui observe ce corps physique ?
En observant de plus en plus profondément chaque aspect de nous-même, chaque kosha, on va se rendre compte qu’il y a chaque fois la conscience qui observe ou un observateur, un témoin. Nous pourrions dire je suis l’observateur. Mais nous pouvons observer l’observateur.
Finalement, si nous lâchons totalement notre corps et notre esprit dans la conscience qui observe, nous allons progressivement ressentir une très grande liberté. Surtout une paix totale. Cette paix rien ne peut l’enlever. Elle peut être recouverte mais ne peut disparaitre. Et ainsi nous sommes éternellement libre, paisible… Et c’est recouvert.
Ça me fait penser à une histoire zen. Il existe un terme qui est « shinjin datsu raku » qui veut dire corps-esprit en un mot. Pour les japonais c’est une seule chose, corps-esprit dépouillé. Cela veut dire que l’on abandonne complètement le corps-esprit durant la méditation. On ne s’attache à aucun aspect de ce corps-esprit. Et quand maitre Dogen a vécu cette expérience, il est allé voir son maître pour être certifié sur son expérience et a dit : » J’ai fait l’expérience de « shinjin datsu raku ». Je me suis totalement libéré de mon attachement à mon corps-esprit. Son maître lui a répondu oui mais n’oublie pas « datsu raku shinjin ». C’est à dire n’oublie pas d’incarner ensuite dans ta vie totalement ce que tu es à travers ton expérience individuelle .
Incarner véritablement ce corps-esprit singulier et unique que nous sommes .
Ces textes sont issus des quelques minutes de paroles improvisées à partir ou non de textes issus des sagesses anciennes, de textes scientifiques etc.. durant la méditation silencieuse .