Malraux a écrit « le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas ». Il avait parfaitement compris le désastre vers lequel nous allons si nous continuons à ignorer la dimension spirituelle dans notre existence. Il est regrettable qu’il y ait eu confusion entre le religieux et le spirituel. Même s’ils sont étroitement liés, ce n’est pas la même chose.
Nous pouvons l’observer : la société a orienté toute sa structure sur l’acquisition, le matériel, sur ce qui est visible et quantifiable, mesurable, en évinçant toute autre dimension. Ce choix a dirigé la civilisation moderne vers une société de consommation, individualiste, prête à tout pour satisfaire les désirs et les plaisirs immédiats de chacun. Et à moins d’être aveugle, nous pouvons constater que cela nous amène à une crise de civilisation, une crise économique, écologique, d’une très forte ampleur. La rupture avec le spirituel, c’est la rupture avec l’esprit. On nous a clairement enseigné : « vous êtes un corps périssable et votre esprit est la conséquence du fonctionnement du cerveau, une fois votre mort arrivée, votre esprit disparaîtra, ce sera terminé ».
Il n’y a absolument aucune preuve de cela, pas la moindre. Se concentrer uniquement que le visible amène un problème : « ils et nous » avons décidé que c’était la vérité et « ils et nous » avons organisé une société justement articulée autour de cette vision.
La spiritualité, c’est essayé de questionner cela à travers notre propre conscience, l’introspection et l’expérimentation.
Dit autrement, c’est questionner qui je suis, comment je fonctionne, qu’est-ce que le corps, la sensation, l’émotion, l’esprit, l’âme…?
Le désir de se questionner permet d’essayer de découvrir si ce que les anciens maîtres de sagesse ont écrit peut être porteur d’un enseignement.
Le problème du développement démesuré de l’ego à travers la société, c’est qu’il peut conduire à l’égoïsme, au rejet de l’autre, jusqu’à la destruction de l’autre. C’est pourquoi il faut s’interroger sur cette vision de l’homme qui porte en elle les germes de la destruction de ce qui est différent, de ce qui est autre.
Toutes les traditions anciennes ont exprimé qu’il existait un autre état de conscience quand l’homme se situait ailleurs que dans son ego : il se situe dans son âme, dans son esprit, dans le Soi, selon les traditions. Il se situe ailleurs que dans le sentiment de l’ego limité et défini. Dans cet ailleurs, nous pouvons trouver une reconnexion avec la totalité, avec les autres, la nature et ainsi avec un état d’être beaucoup plus harmonieux, respectueux et pacifique.
Ainsi, si nous prenons conscience de la portée de notions telles que l’interdépendance, le fait que tout soit entremêlé et lié, nous ne pouvons plus penser individuellement sans faire référence à ce qui nous entoure. Chaque chose est connectée avec d’autres choses, ce qui va nous inciter à penser simultanément à soi et aux systèmes environnementaux.
La méditation est définie comme un lâcher prise avec l’ego, puisque nous ne nous focalisons plus sur nos pensées, nos émotions, notre corps. Dès lors nous nous reconnectons à un mouvement universel plus vaste auquel nous nous sentons reliés.
Nous prenons conscience que nous fonctionnons tous en synergie et en harmonie.
Ceci n’est pas une invention, c’est présent et vérifiable concrètement quand nous arrêtons de fonctionner uniquement à travers le filtre de l’ego.
Nous apprenons alors que nous portons en nous la possibilité de vivre en harmonie les uns avec les autres, si nous savons nous situer correctement en nous-même. Bien sûr, c’est simple à dire en théorie, et plus difficile à réaliser au niveau pratique et relationnel. Cela demande un vrai travail sur plusieurs plans, notamment au niveau psychologique, mais il est clair qu’un ego suffisamment libéré de ses blessures de son passé, qui a su répondre à ses besoins et qui en plus a découvert en lui un autre aspect de l’être, est enclin tout naturellement à exprimer au quotidien les qualités énoncées par les sagesses du passé : amour, bienveillance, patience, joie, paix…
Le problème, pour faire un peu de politique, c’est que certains ont très bien compris qu’en développant à outrance l’ego, l’homme se trouve en état de besoin et de manque. Il est incité à être dans la quête permanente de quelque chose de plus pour se satisfaire et donc dans la consommation compulsive. La consommation n’est pas mauvaise en soi, il s’agit d’être libre, mais cela n’est possible que si l’on a bien compris comment fonctionne notre être intérieur.